FESTHEA

Nous l'avons attendu... attendu... Et puis c'est arrivé. Une semaine d'immersion à Saint-Cyr sur Loire pour un festival formidable dont nous n'arrivons toujours pas à nous remettre. Et puis   l'apothéose pour couronner la semaine : la Tour d'Or !! 

L'évènement mériterait que l'on écrive un livre entier sur cette semaine incroyable. Mais le temps nous manque. Alors je propose de placer ici le texte que Lilian Lloyd a publié sur Facebook à la suite du festival. Lilian a coordonné les délibérations du jury (sans droit de vote), animé les séances de débrief les lendemains des représentations, discuté pendant tout le festival avec les troupes pour leur donner ses impressions de pro et ses propositions d'amélioration (les idées qu'il a sur Piche sont décoiffantes....), et animé la remise des prix lors de la cérémonie de cloture. Son texte nous plait beaucoup et il nous parait une bonne idée de le partager ici.

Posté le 5 Novembre 2024 par Lilian Lloyd sur Facebook:

"Samedi 2 novembre s’est clôt le Festhéa 2024 dans une grande et très belle soirée, dont j’ai eu l’honneur d’en animer une partie. Tous les ans, depuis 39 ans, ce sont toutes les troupes amateurs qui ont gagné dans leur région qui se rencontrent pendant une semaine à raison de 3 pièces par jour.
J’y ai été jury deux fois, 2006 et 2018 et sur les 4 dernières éditions, j’anime tous les matins les rencontres entre le public et les trois pièces de la veille. Depuis 3 ans aussi, j’ai la chance d’être le médiateur au sein du jury et c'est un rôle tout aussi passionnant.
Cette édition 2024 fut assez exceptionnelle en terme de qualité et de genres proposés par les troupes. J’ai rarement vu un festival, une sélection aussi riche et sortir un palmarès pour le jury, au terme de 3h30 de délibérations, montre à quel point les spectacles étaient de qualité.
Le palmarès justement, parlons-en. 3 Tours, une d’or, une d’argent, la dernière de bronze et deux prix, un coup de cœur, un spécial du jury. Et regardons bien, « Le cas Martin Piche » pour l’or, comédie bien ficelée, duo d’acteurs d’une grande complicité ; « George Kaplan » pour l’argent, pièce politique et satirique montée par une très jolie troupe en adéquation avec leur sujet ; « Ça passe » pour le bronze, création clownesque sur une vie de famille, drôle et enjouée ; « Tout le monde veut vivre » coup de cœur du jury, pour une équipe venant de la Réunion qui a mis en avant une corporalité rare chez les amateurs ; « La dame de chez Maxim’s » prix spécial du jury pour un travail de troupe de 17 à plus de 80 ans, avec un décor et des costumes somptueux et un rythme des enfers avec 14 comédiens incroyablement investis.
Oui, on peut regretter quelques absences, quelques troupes au pied du podium, mais si on veut bien voir dans le détail, ce palmarès est, à lui seul, une photographie unique et magnifique de la vitalité du théâtre amateur. Tous les âges, tous les genres, tous les textes et des troupes qui se sont posées des questions, qui ont fait preuve d’inventivité et quelques pépites parmi les comédiens et comédiennes.
Franchement, quand j’entends des auteurs ou d’autres pros tirer à boulets rouges sur le théâtre amateur, j’ai envie de vous inviter à aller à Saint-Cyr sur Loire, l’année prochaine, pour fêter les 40 ans du festival. Le théâtre amateur est plus que jamais vivant, s’est relevé lui aussi du Covid, des subventions faméliques, il se renouvèle (la moyenne d’âge du trio de tête doit être de 40 ans, contre 60 il y a encore quelque temps) et surtout, il prend des risques. Il ne se contente plus de recycler des pièces « parisiennes » ou des comédies « vues à la télé », je le vois tenter. Parfois se gaufrer quand il se ramène avec sa brouette de certitudes, mais il est là, productif et se questionne.
Moi, le théâtre amateur, il m’a appris mon métier et j’ai cette dette envers lui. Chaque rencontre que je fais, par les compagnies qui montent mes pièces, d’autres qui m’en font des commandes, me rend toujours un peu plus heureux. On a une chance formidable d’avoir un théâtre amateur aussi vivant en France. Il y pousse les talents de demain, il y habite des cinglés qui passent deux ans de leur vie, tous les mercredis soirs à monter des spectacles, en y mettant leur pognon et leur énergie pour quelques dizaines de représentations. Et surtout, il continue, à mon sens, d’éduquer et de faire venir du public.
Il est une chance ce théâtre amateur, chérissons-la.". Lilian Lloyd

Et pour finir, quelques photos de la semaine...